Calme Vert

KAYAK PORT REDIM   Tout d’un coup, brutalement, le vent s’est arrêté, la température est montée, l’environnement a cessé d’être hostile.

Le Printemps est arrivé. Un choc.

Après ces dernières semaines subies comme un hiver austral qui se serait trompé d’adresse c’est un profond bouleversement. Pour la nature, et pour les hommes.

Des mois de froid, neige, vent et bourrasques et voilà que subitement, la lutte s’arrête. Ou marque une pause.

Le combat prend fin faute de combattant. Aujourd’hui l’hiver s’est éclipsé.

Un répit. Quelle étrangeté ! Je marche en ville en écoutant les oiseaux, les portières des voitures qui claquent, un chien qui aboie. Les voix au loin  me reviennent en écho. Habituellement le vent couvre ces bruits familiers. Nous vivons dans une bulle sonore.

Plus un souffle, et le monde prend de la profondeur. Je prends conscience qu’il existe autre chose que ce qui est devant mes yeux. Je peux percevoir les bruits de la rue d’à côté. Elle devient réelle. C’est jouissif. Une sensation de confort, d’être au monde.

J’ai envie de voir le calme, je pars à un bout de Saint-Pierre, à l’Anse à Brossard.

RIVAGE

Je m’assoie sur le rivage.

Ici, habituellement, les vagues se fracassent sur la grève, malmènent les rochers. Le lieu est austère par mauvais temps, malgré un panorama toujours intéressant, plein ouest.

Et là, cet après midi, je peux m’y asseoir et me sentir bien.

Juste un doux clapotis de vaguelettes paresseuses, un petit roulis de galets inoffensifs, le monde est bienveillant.

Un garçon vient jeter des cailloux dans l’eau. Il tient son petit chien en laisse. L’ensemble est presqu’un tableau naïf.

En face, Langlade ne s’est toujours pas débarrassée de ses tâches blanches, comme une maladie qui s’accroche. Cette neige, toujours présente me rappelle ce que l’on vient de vivre; Elle me dit qu’on est de revue. Mais pour le moment, elle est sur l’autre rive.  Je suis au printemps, loin.

A côté de moi, près du rocher plat sur lequel je me suis installée, une masse verte. Il fait tellement beau, je m’attarde et regarde. Ma capacité d’émerveillement est intacte. Soulagement….

Le vert est beau comme un alpage. Vif, velouté. Sublime. Le vert des pommes que les décorateurs nord-américains disposent dans les endroits trop épurés pour leur redonner du tonus. Martha Steward ne l’aurait pas renié. Il n’est pas là par hasard !

Un vert qui ramène à la vie, une soierie rutilante. Une ode au soleil. Je m’attends à voir arriver les nixes nicettes aux cheveux verts et naines. Je suis chez elles, ici !

Encore humide, la paroi du rocher est comme un minuscule jardin aquatique uniforme et resplendissant. Je me remplis de cette énergie. Je l’emmagasine, je garde en moi cette force magnifique.

Une promesse de l’été à venir faite en cette journée si singulière.

5 réflexions sur “Calme Vert

  1. Waou ! Quel contraste avec le post précédent… Chez nous aussi il fait plein soleil sans vent… L’émerveillement reste intact, peut être plus puissant après chaque période difficile, on se sent vivant, pleinement vivant… Beau printemps !

  2. Bel article, l’archipel est merveilleux lors de ces journées douces et il fait savoir en profiter!!
    Même si, bien sur, en tant qu’originaire de ces îles je ne peux que dire qu’elles sont également magnifiques sous leur manteau blanc et les bourrasques de vent qui le caractérise!

    Cela fait très longtemps que je ne l’ai pas mis à jour mais je me permets de glisser l’adresse d’un blog contenant certaines de mes photos de l’archipel si cela peu intéresser!
    http://patou975.skyrock.com/

  3. A la lecture de ton article me reviennent ces quelques vers d’une poésie enfantine …
    Après tout ce blanc vient le vert,
    Le printemps vient après l’hiver.
    Après le grand froid le soleil …
    C’est de circonstance non ?

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